La peur de conduire est l’une des phobies les plus répandues en France. Pour les personnes concernées, la peur de conduire peut être très handicapante au quotidien. Nous faisons le point sur ce sujet et vous donnons des conseils pour vous aider à surmonter votre peur de conduire.
« Mon pouls s’emballe et je commence à transpirer lorsque je m’assois derrière le volant. Et si quelque chose ne fonctionne pas dans la voiture » C’est ainsi que Pauline décrit les symptômes qu’elle ressent en relation avec la conduite automobile. Beaucoup de gens sont dans le même cas. La peur de conduire est très répandue en France. Il n’existe pas encore d’études permettant d’obtenir des chiffres précis. Cependant, on estime que plusieurs millions de personnes en France sont concernées par la peur de conduire à différents degrés.
Dans cet article, nous souhaitons vous informer sur la peur de conduire et vous montrer comment la surmonter. Pour ce faire, nous nous sommes entretenus avec Pauline et Laura, qui nous ont parlé de leur expérience de la peur de conduire. Nous avons également réalisé une interview avec un moniteur d’auto-école et sociologue diplômé : Paul.
Qu’est-ce que la peur de conduire ?
La peur de conduire, appelée amaxophobie dans le jargon, décrit un état d’anxiété pendant la conduite automobile qui déclenche des symptômes physiques chez les personnes concernées. Dans les cas graves, elle peut notamment conduire à des attaques de panique. La peur de conduire peut affecter aussi bien les conducteurs novices que les conducteurs expérimentés.
La peur se manifeste chez les personnes concernées dans différentes situations. Selon Paul, un peu plus de la moitié des personnes avec lesquelles il travaille souffrent de peur dans le trafic urbain. Laura et Pauline racontent également toutes deux qu’elles sont particulièrement mal à l’aise lorsqu’elles conduisent à Paris. Selon Paul, la peur de conduire sur l’autoroute est un autre problème récurrent.
Ce comportement d’évitement peut entraîner de fortes restrictions dans la vie quotidienne.
Pauline nous dit également qu’elle aimerait conduire plus souvent. Cependant, en raison de la tension qu’elle ressent au volant, elle n’utilise actuellement sa voiture qu’une à deux fois par mois. Laura explique que ses collègues doivent souvent la conduire à des rendez-vous dans le cadre de son travail. Elle-même n’ose plus conduire à cause de sa peur. Elle n’a pas conduit depuis trois ans.
Les personnes qui ont peur de conduire sont souvent prises dans un cercle vicieux. Elles craignent les symptômes de peur qu’elles ressentent au volant. En conséquence, le seuil d’inhibition pour conduire à nouveau augmente. Selon Paul, l’environnement des personnes concernées peut également aggraver l’anxiété : « Les personnes concernées sont malheureusement souvent incomprises par leur environnement social et traitées avec impatience. On leur dit parfois : ‘Assieds-toi dans la voiture, reste décontracté et accélère. Tu verras, ta peur disparaîtra ! Après de telles remarques, les personnes concernées se retirent souvent complètement, cachant leur souffrance »
La première et la plus importante étape pour les personnes qui ont peur de conduire est de prendre conscience de leur peur. Ce n’est qu’en admettant le problème et en l’acceptant que l’on peut y remédier activement.
Qu’est-ce qui provoque la peur de conduire ?
Les causes de la peur de conduire sont multiples. Elles peuvent toutefois être classées en deux catégories : la peur spécifique de la conduite et la peur non spécifique de la conduite.
Peur spécifique de la conduite
La peur spécifique de la conduite automobile désigne les peurs directement liées à la voiture ou au processus de conduite. Les personnes concernées ont souvent le sentiment de ne pas pouvoir contrôler la voiture dans certaines situations de conduite. Elles craignent donc de provoquer un accident par leurs propres erreurs. La cause de ce type de peur au volant peut être, par exemple, un manque d’expérience de la conduite.
Peur non spécifique de la conduite
Les causes de la peur non spécifique de la conduite ne sont pas liées à la conduite automobile elle-même. Il s’agit d’une anxiété générale qui peut également survenir dans d’autres situations de la vie. Cependant, certains facteurs les déclenchent souvent pendant la conduite ou les aggravent. Les peurs suivantes font partie des peurs non spécifiques de la conduite :
Peur sociale
Les personnes souffrant d’anxiété sociale craignent les situations socialement stressantes sur la route. Il s’agit par exemple des critiques des autres automobilistes ou des personnes qui les accompagnent. Les personnes concernées perçoivent généralement les klaxons comme des critiques personnelles qu’elles prennent à cœur. Laura nous raconte une situation de ce type qu’elle a vécue à l’arrêt à un feu rouge : « Je n’ai toujours aucune idée de ce que j’ai fait de mal, mais j’étais sur la voie du milieu et certains automobilistes voulaient me faire remarquer quelque chose en gesticulant. Je ne comprenais pas du tout ce qu’ils voulaient me dire, ce qui m’a beaucoup perturbé et déstabilisé. Et ce, même si j’étais encore une conductrice très sûre à ce moment-là ! Je me suis sentie très mal à l’aise et j’espérais juste que le feu passe bientôt au vert et que je puisse m’échapper de cette situation ».
Les personnes souffrant d’anxiété sociale au volant se sentent souvent en insécurité sur la route. Beaucoup d’entre elles éprouvent également un fort sentiment de culpabilité, même après la moindre erreur. Pour les personnes concernées, la conduite automobile est souvent synonyme de stress et de situations traumatisantes. C’est pourquoi nombre d’entre elles évitent de conduire.
Agoraphobie
L’un des symptômes de l’agoraphobie est la peur des situations dont il est impossible de s’échapper facilement. La plupart du temps, les personnes concernées ont peur de subir une crise de panique au volant et de ne pas pouvoir s’échapper à temps de la situation. Selon Paul, cela conduit à un « cercle vicieux de la peur. Elles (les personnes concernées) guettent anxieusement d’autres signes de panique, comme des battements de cœur ou une respiration violente, qui se manifestent alors promptement » Chez les personnes qu’il entraîne, cette peur survient souvent pendant le trajet sur l’autoroute. La raison en est la conception de l’autoroute. « C’est justement à ce moment-là que les personnes concernées ne peuvent pas s’arrêter, ni se reposer, car elles roulent sur une route, conçue pour la vitesse« .
Les raisons des crises de panique proprement dites n’ont souvent pas grand-chose à voir avec la conduite elle-même. Le stress de la vie quotidienne, par exemple, peut également être à l’origine des symptômes qui déclenchent une attaque de panique.
Trouble de stress post-traumatique
Suite à un accident, de nombreuses personnes souffrent encore longtemps de séquelles mentales. Elles se souviennent de ce qui s’est passé et craignent d’être à nouveau victimes d’un accident. Souvent, le trouble de stress post-traumatique s’accompagne également d’un sentiment de culpabilité. Au volant, cela peut entraîner une anxiété dans des situations que la personne concernée associe à l’accident.
Les causes exactes de la peur de conduire varient d’une personne à l’autre. Il est également possible que la peur de conduire se développe chez de nombreuses personnes à partir de différentes peurs spécifiques ou non spécifiques. La classification dans ces catégories peut toutefois aider à mieux comprendre les causes de sa propre peur de conduire.
Comment surmonter la peur de conduire ?
Reconnaître sa peur et se l’avouer
La première et la plus importante étape pour les personnes qui ont peur de conduire est de se rendre compte de leur peur. Ce n’est qu’en reconnaissant le problème et en l’acceptant que l’on peut le combattre activement.
Contre-attaquer lorsque la peur surgit
« Respirer calmement et consciemment, parler à voix haute, ne pas continuer à conduire, tirer le frein à main, couper le moteur, faire une pause et chercher un court repos ». Ces mesures sont recommandées par l’instructeur de conduite anxieuse r en cas de black-out ou de crise de panique imminente pendant la conduite. Cette interruption permet d’abord aux personnes concernées de se calmer et d’analyser calmement la situation et ce qui s’est passé. Elles peuvent ensuite reprendre la conduite avec l’esprit clair. Paul demande que de telles mesures soient pratiquées dès la formation à la conduite, « car il faut du courage pour admettre sa faiblesse ».
Faire appel à une aide professionnelle
Pour tous ceux qui ne peuvent pas surmonter seuls leur peur au volant, il existe des formations professionnelles à la conduite, comme celles que propose Paul dans son « école de conduite ». Chez lui, les personnes concernées passent par trois étapes.
- La première étape consiste en des entretiens personnels et des réunions spéciales, au cours desquelles les personnes concernées peuvent échanger leurs expériences.
- Au cours de la deuxième phase de prise en charge, Paul conduit les personnes concernées dans une voiture-école. Ici, le moniteur d’auto-école peut encore intervenir dans les situations d’anxiété.
- Au cours de la troisième phase, les personnes concernées doivent réapprendre à conduire leur propre voiture ou celle d’un tiers. Paul ne peut ici que conseiller. Les stagières doivent prendre en charge la conduite de manière complètement autonome. Le programme en plusieurs étapes doit permettre aux personnes ayant peur de conduire de se réhabituer progressivement à la conduite.
Pour une peur spécifique de la conduite, qui est uniquement liée à la conduite elle-même, la participation à un stage de sécurité routière peut également être utile. Ceux-ci consistent à s’entraîner à conduire une voiture dans un environnement sûr. Pour les personnes concernées, cela peut atténuer la peur de certaines situations, car elles ont appris comment réagir au mieux. Cette sécurité peut aider à combattre la peur de conduire.
Apprendre à gérer la peur
Paul indique lui-même que l’objectif de ses cours n’est pas de conduire ensuite sans aucune peur. « L’objectif est plutôt d’apprendre à mieux gérer la peur pour qu’elle ne fasse plus peur. » Il apprend aux apprentis conducteurs que la peur peut même être utile, car elle prévient des situations dangereuses.
En outre, il conduit souvent avec les personnes concernées dans un environnement sûr et connu ou sur des trajets qu’elles connaissent bien. Ainsi, les premières expériences de conduite sans peur sont rapidement acquises. Il est important d’avoir des souvenirs positifs de la conduite sans peur pour ne pas se perdre dans des ruminations sur ce qui s’est déjà passé. Les personnes concernées devraient se souvenir de leur conduite sans peur plutôt que de leurs erreurs passées.
Notre conclusion sur la peur de conduire
Les mesures à prendre contre la peur de conduire dépendent également du type et de la gravité de la peur de conduire. En cas de peur légère au volant, il peut être utile d’acquérir un peu d’expérience de conduite et de s’entraîner à conduire dans certaines situations de conduite. Une conduite répétée et sûre peut ainsi réduire la peur de conduire. Cependant, les personnes dont la peur ne disparaît pas après un certain temps peuvent bénéficier d’une aide professionnelle. Dans le cas d’une peur non spécifique de la conduite, dont la racine n’est pas la conduite elle-même, une thérapie est également recommandée.